Tunisie

Kerkouane, la cité punique de la Tunisie

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Kerkouane est le nom d’un site antique de la Tunisie. Il se situe à l’extrémité est du Cap Bon, à seulement 6 km au nord de Hammam Ghezèze. Il figure parmi les sites archéologiques les plus précieux du pays puisqu’il a été l’un des rares à n’avoir pas été reconstruit par les Romains. Cela lui permet aujourd’hui encore, de présenter les vestiges d’une cité phénico-punique, classée patrimoine mondial de l’Unesco depuis le 28 novembre 1986.

Retour sur l’histoire de Kerkouane

L’absence totale de documents écrits sur Kerkouane laissent beaucoup de vide dans son passé. Les historiens ne peuvent que se baser sur les fouilles pour réécrire son histoire et c’est ainsi qu’ils situent l’existence de la cité entre le VIe et le IIIe siècle av. J.-C.

Elle semble ensuite avoir disparue après les expéditions d’Agathocle de Syracuse dans le Cap Bon en 310 av. J.-C. et de Marcus Atilius Régulus en 256 av. J.-C.

Les historiens pensent également que le site a été habité par les Libyens avant l’arrivée de la culture punique.

Les fouilles entreprises

Kerkouane, la cité punique de la Tunisie

C’est à Pierre Cintas et Charles Saumagne que l’on doit la découverte du site. Ils sont effectivement tombés, par hasard sur l’endroit en 1952. Se sont ensuite enchaînées les fouilles étalées en quatre périodes :

  • La première débute en 1953 et a permis de découvrir la nécropole, un quartier d’habitation et d’autres éléments architecturaux. L’absence de signe de l’occupation romaine pousse à croire qu’il s’agit d’une cité pré-romaine, surtout punique. Quant à sa date de fondation, on la situe au VIe siècle av. J.-C. suite à la découverte d’une coupe ionienne
  • La deuxième fouille s’étend de 1957 à 1961, soit au lendemain de l’indépendance de la Tunisie. Les travaux sont confiés à l’Institut national d’archéologie et d’art. Les tâches menées se sont toutefois limitées au ramassage de matériel et au dégagement de l’édifice étant donné qu’après l’indépendance, les cadres scientifiques français sont aussi partis laissant alors une main-d’œuvre non spécialisée sur place. Quoi qu’il en soit, les fouilles menées durant cette période ont permis de mettre à jour des portes, des murailles, des quartiers d’habitation, des rues ainsi qu’une grande variété de matériels tels que figurines, objets en bronze, poterie, pièces de monnaie, … Tous ces matériels sont aujourd’hui exposés dans un musée situé à proximité du site
  • La troisième fouille s’étale de 1965 à 1966 : celle-ci a été organisée à l’occasion d’un séminaire international initié par le Centre de la recherche archéologique et historique. De jeunes archéologues tunisiens y ont participé, mais aussi des professeurs et étudiants français, belges, algériens, hollandais et italiens. Cette période a permis de découvrir une villa, un insula et la nécropole. Des tombes ont pu être ouvertes pour explorer leur contenu funéraire
  • La quatrième fouille a duré de 1976 à 1977 : elle a permis de mettre à jour le plus grand sanctuaire punique de la Méditerranée occidentale

De manière régulière, un désherbage, nettoyage, réfection et consolidation sont organisés pour sauvegarder ce site situé dans un environnement hostile où les vents marins et les vagues fragilisent les monuments.

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Le site de Kerkouane

Kerkouane, la cité punique de la Tunisie

Après les fouilles menées, le site de Kerkouane couvre aujourd’hui une superficie de huit hectares. Même si l’ancienne cité était bordée par la mer Méditerranée, elle n’avait pas de port.

  • Les enceintes :

La cité se compose de deux enceintes reliées par un vaste couloir permettant la circulation entre les deux et vers les édifices servant de système défensif. Ce dernier se composait de tours de garde et d’observation, d’escaliers, d’un chemin de ronde, de portes et de poternes.

  • Les quartiers d’habitations et habitations :

Les quartiers d’habitation suivaient, quant à eux, un plan avec des rues se croisant à l’orthogonale. Une muraille les séparait des nécropoles et des terres cultivables. Les maisons édifiées affichent le style punique typique avec leur forme quadrilatère et leur porte d’entrée qui donne sur un couloir ou un vestibule coudé. On y trouve également un corridor qui donne sur une cour pouvant simplement être de forme quadrilatère découvert ou pourvue de portique sur un à quatre côtés. Au milieu de la cour, on retrouve un puits et un escalier qui menait, vraisemblablement à une chambre à l’étage. Tout autour de la cour ou du patio, on retrouve de nombreuses pièces ayant chacune leur fonctionnalité. Chaque habitation était pourvue d’une salle de bains.

  • Le système hydraulique :

En ce qui concerne le système hydraulique urbain, il était particulièrement développé avec un système de drainage des eaux usées, des canalisations et gargouilles pour permettre le ruissellement des eaux, un réseau de citerne, …

  • Les monuments religieux :

Kerkouane abrite un sanctuaire axé sur une vaste cour qui donne sur plusieurs pièces dont un vestibule et une salle oblongue. Tout au fond de la cour, on retrouve deux podia élevés à environ 60 cm du sol. Au milieu de la salle oblongue et des podia, on distingue un autel. Dans les autres pièces, on retrouve un four, un atelier abritant un système hydraulique, une salle d’eau, un bassin, un puits et un système de canalisation pour permettre l’évacuation des eaux usées. Derrière les podia, on retrouve une aire à ciel ouvert composée d’un puits, d’une cachette, d’un amas de galets, d’un autel votif, d’objets métalliques, …

  • Les nécropoles :

En plein cœur du site, on retrouve deux sanctuaires puniques dont l’un d’entre eux est le plus grand jamais découvert au monde. Contrairement aux villes romaines, ces sanctuaires se situent au sein de la cité et non pas en périphérie. En dehors de la ville, on trouve quatre nécropoles dont deux se situent dans des falaises et deux autres dans les collines. Celles situées dans les falaises se composent d’une partie nord semblant être réservée aux enfants et d’une autre, réservée aux adultes. Quant à celles situées dans les collines, la nécropole du nord est appelé « nécropole d’Erg el-Ghazouani » tandis que celle de l’ouest se traduit par des caveaux composés d’un dromos et d’une chambre funéraire.

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